Extrait
de "Ecran / Ennemi" de François-Bernard Huyghe
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Forgeries Nous reprendrons
ici une définition que nous avions déjà proposée
(1): la désinformation consiste à
propager délibérément des informations fausses pour
influencer une opinion et affaiblir un adversaire. - " Propager
" sous-entend un caractère public. Plus que le simple bouche
à oreille ou l'usage de messages privés, il faut avoir recours
à des médias et à des vecteurs. La désinformation est faite " pour influencer une opinion " : imposer une croyance ou des attitudes à un public plutôt qu'une décision à un responsable, même si le premier n'empêche pas le second. Ce public peut être l'opinion adverse, des alliés, des neutres ou l'opinion internationale en général ; on peut viser les masses ou des cercles plus restreints. La première n'est possible que là où existe un espace public, avec débats et pluralité d'opinions et de connaissances. Elle n'a de sens que là où sont en concurrence diverses sources de savoir et diverses interprétations. Big Brother ne désinforme pas, il contrôle le présent, le passé et le futur. Il contrôle jusqu'à la langue même. Dans un système totalitaire, il y a la vérité officielle et la rumeur clandestine. Le dictateur dicte ce qui doit être su et cru. La désinformation n'est possible que s'il y a connaissance imparfaite de la réalité, non-fiction absolue. |
1.
Notamment dans La Désinformation Pour une approche historique
Colloque de Montpellier 18-20 novembre 1999, UMR 5609 du CNRS, université
Paul Valéry, 2001. 2. Voir la façon dont Vladimir Volkoff met en scène la dramaturgie de la désinformation et de l'influence dans Le Montage. |
" Et affaiblir
un adversaire " : la désinformation diminue les capacités
offensives de l'Autre, soit en divisant l'autre camp, soit en l'inhibant
moralement, en le désorganisant. Toujours négative, elle
diffère de l'endoctrinement, dont la finalité est d'obtenir
l'adhésion. Plus simplement encore, la désinformation accroît
la confusion et le désordre. Elle est le contraire de ce que devrait
être l'information au sens étymologique : in-formation, mise
en forme. Partant de là,
nous pouvons reformuler la question du début : que devient la désinformation
de l'après-guerre froide, dans la présente configuration
stratégique, symbolique et technique ? La technique change
les facilités, les fragilités et les finalités de
la désinformation. Ceci peut se reformuler
en termes de vulnérabilités (3). |
3.
Faute de place, nous ne pouvons traiter ici du vaste domaine de la rumeur
électronique. Le lecteur que la question intéresse aura intérêt
à confronter les thèses des deux stars de la " rumorologie
". D'abord, Jean-Noël Kapferer (auteur de Rumeur, le plus vieux
média du monde, Seuil, 1987) : http://www.hec.fr/hec/fr/professeur_recherche/liste/kapferer/
cv.html, mais aussi les travaux de Pascal Froisart qui soutient, au
contraire, la thèse que la rumeur est un média moderne lié
à nos moyens de communication récents : http://www.chez.com/pascalfroissart/. 4. Une société suisse aurait même produit un logiciel " traqueur de rumeurs ", rumourbot http://www.strategicwatch.com/intelligence/ index_mars.php3 . |
Il y a davantage
de raisons de recourir à la désinformation et autres armes
du même métal dans le cadre d'une "infoguerre"
(5). Ainsi, les stratèges du Pentagone envisagent
des scenarii de paralysie des infrastructures informationnelles de l'adversaire
et d'opérations psychologiques sur son opinion. Quand ils ne créent
pas, assez maladroitement, des structures comme l'Office of Strategic
Influence, vite dénoncé comme une organisation destinée
à désinformer les propres alliés des USA, pourtant
engagés dans la "guerre au terrorisme" (6)
. En attendant peut-être
de nous débarrasser de ce concept des années cinquante,
la désinformation est à repenser. Autrefois, la difficulté
était de la situer entre la lutte idéologique opposant deux
systèmes et les déformations et mésinformations journalistiques. |
5.
Voir chapitre suivant. 6. Après la " découverte " de ce service par le New York Times, de nombreux journalistes se sont intéressés aux rapports du Pentagone et de l'agence Enron, à qui il verse 100.000 dollars par mois (comme au moment de la guerre du Golfe) et qui est considérée comme l'une des principales réserves de "spin doctors" en cas de guerre. Voir par exemple l'article " The Pentagon's Information Warrior " sur le site du Center for Media & Democracy : http://www.prwatch.org/prwissues/2001Q4/rendon.html. 7. Voir Véronique Campion, Vincent et Jean-Bruno Renard, Légendes urbaines, rumeurs d'aujourd'hui, Payot, 2001. 8. Voir http://www.hoaxbuster.com : site en français consacré aux rumeurs sur la Toile, http://www.urbanlegends.com : anthologie, depuis 1991 et en anglais, de rumeurs dans tous les domaines (politique, sexe, livres, animaux, etc). 9. Voir Rémi Kaufer, L'Arme de la désinformation, Grasset, 1999. |
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